"Je pense trop.... !"
5 à 15% de la population serait concernée par ce phénomène. Mais, de quoi s'agit-il exactement ?
DÉVELOPPEMENT PERSONNEL
Sabine Le Mouillour
11/13/20235 min read
Qui n'a jamais vécu de moments où l'on a senti le poids de la charge mentale du quotidien ? De nos jours, avec le flot d'informations incessants que nous avons à gérer (alimentés notamment par les objets connectés et autres smartphones), sans compter la pression exercée par nos soins ou la société, pour être "efficaces", nos pensées sont encouragées à tourbillonner en permanence.
Cependant, une certaine portion de la population, de par sa structure cérébrale et psychique, traite et produit en continu une plus grande masse d'informations : qu'elles soient physiologiques, sensorielles, conceptuelles, émotionnelles, ...
Je veux parler d'une catégorie de personnes bien particulière, que Christel Petitcollin (https://www.christelpetitcollin.com/fran%C3%A7ais/livres/) a décidé de désigner les "sur-efficients mentaux". Plus largement, on les appelle également les neuro-atypiques, par opposition aux neuro-typiques, qui représentent une grande majorité de population.
Les neuro-atypiques possèdent des connexions neuronales très rapides et une pensée en arborescence. Tandis que les neuro-typiques possèdent une pensée de type linéaire et séquentielle.
Être sur-efficient ou ne pas l'être ? ... Telle n’est pas la question ! Car, comme pour l'hypersensibilité émotionnelle, ce n'est pas un choix. En effet, puisque l'on naît sur-efficient ou neuro-atypique, on ne peut donc le devenir.
Dès l'enfance, cela peut être visible au travers du comportement et de la sensibilité de l'individu. Ou encore, au travers de la façon dont se déroule les apprentissages à l'école. Lorsque que tout se passe bien : résultats bons ou moyens, élève calme et peu contraignant pour la classe ou l’enseignant, alors, ce type de personnalité peut passer longtemps inaperçue. Mais, quand l'enfant butte dans son parcours d'élève et révèle des difficultés pour apprendre (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, TDAH, etc...) et/ ou que son comportement (son agitation, ses questions incessantes, son inattention, etc...) perturbe le déroulement des cours, alors, ce sont plutôt les symptômes qui focalisent l'attention que les moyens d'accompagner ces enfants dans leur parcours d'élève. Bien souvent, les enseignants n’étant pas ou peu formés sur ces sujets, ils ne sont pas en mesure de proposer ou installer des aménagements pour accompagner ces différences de fonctionnement.
Mais, en quoi ça consiste d'être sur-efficient ?
Le profil de ces personnes réunit 4 grandes caractéristiques : 3 catégories fonctionnant en mode "hyper" et une catégorie fonctionnant en mode "hypo".
Ils ont une grande activité (pour ne pas dire une sur-activité) cérébrale avec une pensée complexe en arborescence. Concrètement, cela se traduit un flot considérable de pensées en même temps, en permanence. Leur mode intuitif est par ailleurs très développé, ils ont besoin de défis intellectuels permanents, ont la capacité à générer des projections sur l'avenir (tempérament visionnaire ou grande capacité à anticiper). Ils sont naturellement tendance à associer des idées de manière originale, en mode intuitif.
Leur sphère sensorielle est hyper développée, on parle d'hyperesthésie. Cela leur confère souvent un grand sens du détail qu'ils peuvent combiner avec une vision plus globale. Ils ont tendance à être dans l'hyper-vigilance et peuvent saisir des nuances très subtiles dans leur environnement. Ils ont au moins un de leur sens particulièrement développé, notamment la vue/l'observation. Il est courant qu'ils cumulent une exacerbation d'autres sens également (toucher, ouïe, odorat, goût).
Ils possèdent aussi une grande sensibilité émotionnelle. Ils ressentent donc des émotions plus fortes que les neurotypiques, mais aussi plus souvent. Par exemple : ils sursautent et pleurent facilement. Ils sont par ailleurs très empathiques et recèlent de grands idéaux et valeurs morales. Ils sont d'insatiables curieux, font preuve d'une riche et foisonnante imagination.
Enfin, la seule caractéristique qui se manifeste en hypo chez les sur-efficients mentaux est d'ordre cérébral. En effet, ils manquent d'inhibition latente. Ce qui veut dire que, contrairement aux neurotypiques, ils ont du mal à prioriser les informations que leur cerveau reçoit, ou à mettre en arrière-plan les informations qui seraient les moins importantes. Cela se traduit dans le quotidien par une difficulté à faire des choix, à se concentrer quand plusieurs de leurs sens sont très stimulés en même temps, à se sentir rapidement sous pression.
La grande sensibilité des sur-efficients les pousse souvent soit, à avoir tendance à fuir ou bloquer leurs émotions, soit à se sur-adapter aux autres et aux situations. Pour ne pas souffrir de ce trop-plein d'émotions permanent, ils peuvent mettre en place des stratégies pour se couper de leurs émotions. Car, en ayant l'impression de ne plus les ressentir, ils se sentent moins stressés et ne sont plus obligés d'exprimer leurs émotions au nez et à la barbe de leur entourage qui, en tant que neuro-typiques, manifeste au mieux leur incompréhension, au pire une forme de rejet vis à vis de comportements qu'ils estiment exagérés ou inappropriés. Alors, grands empathiques qu'ils sont, les neuro-atypiques vont avoir tendance à rentrer dans leur carapace et avancer masqués. Ils vont donc prendre bien soin de ne pas écouter leurs besoins, et d'adopter un comportement le plus conforme possible à ce qu'ils imaginent que les autres attendent d'eux.
Vous aurez compris que cette extraordinaire sur-adaptation permanente est non seulement épuisante, mais aussi contre-productive, car elle se base sur des suppositions et des interprétations du comportement d'autrui. Cette attitude des neuro-atypiques est couramment entretenue au travers de la croyance que leur comportement peut conditionner le bien-être ou le mal-être des autres. Ne souhaitant, dans l'idéal, ne blesser personne autour d'eux, ils vont tout mettre en œuvre pour faire passer les demandes (supposées) des autres en premier avant les leurs. Autrement dit, ils adoptent un comportement de sauveur.
Très attachés aux valeurs morales et humaines, ils nourrissent souvent de grands idéaux car ils ont notamment besoin de donner du sens à leur vie. Ils ont d'ailleurs régulièrement du mal à les faire entendre, tant les "résistances" autour d'eux les contraignent et les désespèrent. Ils ont une idée bien précise de comment le monde devrait tourner tout en sachant à la fois que la perfection n'est pas de ce monde, mais leur côté perfectionniste et/ou obsessionnel les incite à faire en sorte que les choses doivent se dérouler d'une certaine manière. Les sur-efficients, comme tous les êtres humains, ne sont pas l’abri de nombreux paradoxes !
Bien que nourrir leurs besoins soit encore plus nécessaire pour ces personnes-là, ils sont malgré tout enclins à les négliger. Une des conséquences à cela est qu'ils s'avèrent fréquemment incapables de mesurer leur propre valeur. Dans la même mesure, prendre leur place est quelque chose de compliqué, puisqu'ils savent facilement s'effacer (émotionnellement, mais aussi physiquement) dans leurs interactions avec les autres personnes.
Voici, dans les grandes lignes, en quoi consiste être sur-efficient. Si vous pensez vous reconnaître dans ce profil ou si vous souhaitez poser des questions sur ce sujet, n'hésitez pas à me contacter ou rédiger des commentaires !
A très bientôt pour la suite !